Un constat simple, que d’autres ont formulé avant nous : la ville déborde très largement ses concepteurs. La véritable qualité urbaine dépend de sa conception initiale comme de l'appropriation habitante. Elle ne se détermine pas mais s’affine au jour le jour, se réinvente sans cesse. Aussi, pour le concepteur, il s'agit de ne pas confondre le chemin et la destination. C'est à ce titre que Saclay à retenu notre attention.
Nous concevons la Ville-Campus comme un cadre de négociations permanentes entre les différents acteurs du territoire. Définir ce cadre de négociations est une réponse à la complexité du jeu d’acteurs — puisque rien ne se fait seul (gouvernances, tensions politiques, conflits entre les intérêts locaux et nationaux), et une réponse aux aux aléas programmatiques et financiers du projet de cluster — puisque rien n’est certain (Grand Paris Express, Plan-campus, arbitrages gouvernementaux, investisseurs privés…) comme aux problématiques environnementales — puisque rien n’est uniquement humain (Plan de prévention des risques d’inondation, Site naturel classé, Espace naturel sensible…).
Ce cadre de négociations se matérialise en cinq lieux de projet, cinq plateformes qui sont l’occasion :
• de réglages entre la vocation métropolitaine du site et sa pratique au quotidien
• de convergences entre les dynamiques naturelles (l’Yvette et les résurgences du plateau, les écosystèmes remarquables, la microtopographie…) et les dynamiques urbaines (projet du centre-ville élargi en vallée, programmes universitaires sur le coteau, expérimentations du plateau...)
• de proposer un ensemble de principes pour que ce fragment de métropole acquiert et conserve une certaine plasticité, qu’il demeure adaptable « dans sa chair ».
Prenons l’exemple de la mobilité qui est au centre de notre proposition : dans un premier temps, les déplacements sont organisés autour d’un axe piétonnier et cyclable nord / sud - le chemin le plus court pour relier la ville et le plateau. En fonction de l’actualité du cluster ou des collectivités, cet axe a la capacité d’évoluer vers un mode de déplacement plus « lourd » (de type téléphérique) et/ou se voir complété par un système de desserte secondaire (bus, voire tramway). Ce dispositif permet de faire évoluer le schéma de transport au plus près des besoins immédiats du site tout en s’inscrivant dans le cluster Paris-Saclay de demain.
La négociation est une démarche qui s’inscrit dans l’histoire de Saclay – lieu qui s’est illustré dans l’art du compromis notamment dans les années 1960 où une entente remarquable est trouvée entre une vocation de préservation (site naturel classé du domaine de Launay) et une vocation universitaire (Faculté des Sciences d’Orsay). Cette entente unique aboutit à une architecture homogène sur cinq paliers (100-200-300-400-500) à flanc de coteau.
Aujourd’hui nous souhaitons réveiller et prolonger cette histoire : cinq plateformes de projet, cinq lieu(x)de négociation(s).