Le dernier rapport de l’Académie des Sciences de mai 2019, interpelle l’opinion publique sur les incidences d’un réchauffement supérieur à 2°C. Il formule l’hypothèse d’un réchauffement de l’ordre de 5°C entrainant une élévation du niveau des mers de plus de deux mètres d’ici 2100. Sécheresse, canicules, débits des fleuves au plus bas, recrudescence d’algues vertes ; l’actualité enjoint à considérer avec attention les conclusions de ces recherches scientifiques. L
’escargot, la méduse et le bégonia, sollicite le corpus des sciences naturelles pour répondre à la nouvelle donne climatique et écologique. Le projet repose sur une méthodologie d’action en trois points, inspirés de l’Histoire Naturelle, rédigée par Pline l’Ancien et actualisée par Buffon dix-huit siècles plus tard :
- S’appuyer sur les services réciproques que se rendent les hommes et les milieux naturels ;
- Travailler simultanément à toute les échelles d’espaces et de temps ;
- Placer l’expérimentation et l’observation au coeur de la démarche de projet.
La résurgence de l’archipel, conséquence directe du réchauffement climatique
La fonte des glaciers et la dilatation de l’océan entrainent une élévation du niveau de la mer et modifient progressivement la physionomie de l’estuaire et de la ville. L’homme a dressé des digues, drainé les terres humides pour assainir et étendre les surfaces cultivables. Il s’agit d’organiser un repli stratégique. Les espaces reconquis par l’eau dessinent une nouvelle carte territoriale, atténuent le risque de submersion marine et participent au maintien des implantations humaines sur les points hauts. Le port retrouve sa géographie première, celle d’une île ceinturée d’eau.
Un maillon structurant de la chaîne productive atlantique
L’arsenal hier, Stelia aujourd’hui, le moteur économique de la ville découle de la position géographique. Assurer le dynamisme et l’attractivité de Rochefort demain, c’est agir simultanément sur quatre leviers :
- conforter la vocation industrielle de la ville en s’appuyant sur l’arc aéronautique atlantique ;
- diversifier l’offre en logements en mettant l’accent sur la réhabilitation du patrimoine existant ;
- développer une stratégie de mobilité axée sur les mobilités douces et les transports en commun ;
- activer le potentiel de mobilité de la Charente.
Un laboratoire pour la valorisation des ressources du territoire
Tirer parti des ressources propres à ce site d’estuaire c’est envisager une diversification des énergies pour se départir progressivement de la dépendance aux énergies fossiles. La houle, le vent, les marées, la salinité de l’eau et le soleil sont exploités pour délivrer une énergie renouvelable et locale. De la même manière une nouvelle organisation agricole s’esquisse pour tirer parti de la spécificité des sols : les algues immergées, les prés salés soumis aux inondations et les céréales sur les terres émergées.
Un refuge pour la biodiversité entre terre et mer
Soumis à l’influence des marées, l’estuaire de la Charente abrite des milieux naturels diversifiés mais fragiles. Pour répondre aux nouvelles sollicitations (acidification, eutrophisation, stratification océanique), les écosystèmes doivent gagner en résilience. Les périmètres de protection sont démultipliés à la fois au large, sur l’embouchure, dans le lit majeur de la Charente et sur les marais pour garantir le maintien d’un référentiel complet. L’architecture de la trame écologique est renforcée par une attention accrue portée sur une bande de cent mètres de part et d’autre de la ligne des plus hautes eaux. Dans l’épaisseur, des actions de renaturation sont menées le long du réseau hydrographique secondaire entre mer et plateau.