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Base vie — Goussainville - Grand Roissy
Le projet s’inscrit dans un territoire où se superpose un ensemble de paradoxes. Si le site du Vieux Pays de Goussainville subit de très fortes contraintes (nuisances sonores en premier lieu), ces dernières ont contribué malgré elles à constituer un quartier de Goussainville atypique et disposant de nombreux atouts à valoriser (habitants, paysage, patrimoine, position métropolitaine, etc.). Un certain nombre d’usages et d’usagers continuent ainsi paradoxalement à investir le Vieux Pays malgré les nuisances.
 
À partir de ce constat, la problématique principale du projet a été d’organiser la protection conjointe des habitants, du patrimoine bâti et de futures activités économiques. Cela se traduit dans la manière de rénover ce patrimoine et sa destination. Ce n’est donc pas un projet spatial et une programmation déjà définis qui sont proposés à ce stade, mais une réflexion sur la structure à même de porter le projet sur le long terme.
 
Pour cela, le projet urbain et architectural s’appuie sur une coopérative, qui permet l’implication commune, équilibrée et localisée des différents acteurs (habitants, collectivités territoriales, acteurs économiques, architecte des bâtiments de France, maîtrise d’œuvre, etc.). Cette forme collaborative permet d’installer un cadre de dialogue et de projet adaptable. Dans le contexte de Goussainville, elle stimule l’implication des acteurs déjà présents, implique de nouveaux acteurs intéressés pour investir le village. Créer une coopérative pour le Vieux Pays c’est mettre en œuvre le partage d’une vision mais aussi le partage d’expériences, de savoir-faire, au travers de l’insertion professionnelle et sociale pouvant être concrétisée dans l’acte de rénover par exemple.
 
Il nous semble important pour le Vieux Pays de Goussainville, de poser les fondations d’une coopération solide et solidaire sur la durée. En ce sens, il faut penser la temporalité à plusieurs échelles : le projet doit commencer vite, dès demain, tout en s’inscrivant dans le temps long. Ce chantier « caméléon » va devoir s’adapter à des contextes économiques, structurels, et humains en constante évolution. Le projet est donc pensé comme un processus en constante réinvention. Interroger les temporalités c’est aussi accepter de ne pas définir une image finale mais un processus en marche. Nous avons proposé un planning hiérarchisant dans le temps les actions à mener, et imaginant quels acteurs pourraient être impliqués aux différentes étapes du projet : par exemple en insistant sur l’engagement de futurs acteurs-entrepreneurs dans le quotidien du Vieux Pays en amont, avant même de profiter de son cadre rénové.
 
Dans un premier temps du processus le projet se concrétise autour de deux actions principales : la construction d’une « Base Vie » sur la place centrale, inspirée des abris traditionnels de chantier elle accueille la maison du projet, les futurs acteurs-entrepreneurs en attente de locaux rénovés ou encore le retour de services de proximité dans un lieu de partage avec les habitants, les ouvriers du projet et les visiteurs. En parallèle un grand abris de chantier est installé sur une portion de la rue Brûlée :  il protège le site des premières rénovations, localise le chantier et créé l’évènement.
interviews
  • Présentation du projet
  • Parole à la ville
  • Parole aux experts
L'avis du jury
La qualité du projet réside dans son humanisme et la proposition faite pour redynamiser le vieux village : réunir des personnes et des savoir-faire pour réhabiliter et restructurer l’ensemble du village ; mettre en place les conditions d’intervention sur le site dans une logique collaborative et intégrative (coopérative d’activité et d’emploi).  Deux éléments forts sont posés en préambule : la maison du projet et un grand abri permettant les travaux de la mise en chantier du vieux village. Cet abri est le signal du renouveau. Le vieux village devient un site de fouilles « inversé » qui participe à l’accueil et à l’insertion de populations en difficulté.  Le projet est le processus du chantier et le chantier est un processus d’activation d’un territoire; une grande construction collective  intégratrice dans une logique d’économie sociale, solidaire et circulaire. 

Le Jury a salué la qualité d’un projet qui s’appuie sur des propositions détaillées pour arrêter l’érosion du temps et tirer le site vers le haut dans un contexte de fortes contraintes. Il a souhaité indiqué que la proposition orientée autour d’un chantier ouvrait des perspectives intéressantes de formations professionnelles liées aux métiers du bâtiment.
L'équipe
Florent Vidaling et Camille Le Bivic ont étudié ensemble à l’école d’architecture de Nantes où ils ont été diplômés en 2011. Au cours de leur parcours professionnel, dans le cadre de missions au sein d’agences d’architecture et d’urbanisme, ils ont mené des réflexions autour de la question des nuisances créatrices qu’impliquent les grandes infrastructures et les potentiels de projets qu’elles peuvent générer. En parallèle, ils ont travaillé ensemble sur des projets et concours, par exemple à l’occasion du concours Europan 12 en Suisse. De plus, ils ont tous deux travaillé dans le contexte de la ville sud-américaine (Lima, São Paulo), où la question du projet répond à des temporalités et un pragmatisme spécifiques. Cette association repose ainsi à la fois sur une approche commune dans la manière d’observer la ville et de participer à son évolution, et également sur la complémentarité de leurs expériences à la fois en urbanisme et en architecture. L’équipe intègre aussi deux collaborateurs qui sont intervenus ponctuellement pour apporter un regard extérieur critique, précieux dans le processus de conception du projet. Juliette Touchais est architecte et travaille aujourd’hui dans une agence de paysage et d’urbanisme, et Raphaël Hoyet est ingénieur et urbaniste, il est gérant d’une agence d’urbanisme.
 

Leur travail s’articule autour de deux notions fondamentales : la coopération d’une part, ou comment l’action collective devient motrice dans la définition et la mise en œuvre d’un projet ; les temporalités d’autre part, ou comment un processus établi sur le long terme est capable de se réinventer au contact d’enjeux conjoncturels. Le projet n’est pas considéré comme une étape, mais un continuum qui intègre conjointement concertations, concrétisations spatiales, insertions professionnelles et initiatives locales. Le contexte du concours Europan est l’occasion de mettre en œuvre ces processus de projet alternatifs, tout en impulsant la définition d’une structure de réflexion urbaine et architecturale propre à l’équipe.
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