La zone commerciale de Bondy nécessite de se transformer à partir d’elle-même. La rentabilité financière de la Route du meuble qui la traverse et l’opportunité d’urbaniser ses terrains impliquent des modalités de projet alternatives aux solutions univoques. Comment ouvrir ces espaces vers la ville tout en maintenant ses activités ? Comment mettre en route sa transformation et y intégrer d’autres façons de l’habiter ?
Le projet propose de mettre en place des tactiques pour amorcer une hybridation d’usages programmatiques et formels. Il s’agit d’y développer l’offre d’activités commerciales, en profitant de l’attractivité économique des grandes enseignes qui y sont établies – tout en les associant progressivement à des activités de tailles plus réduites, à même de susciter des usages autres que l’aller/retour motorisé.
La typologie commerciale du site n’est pas un obstacle à l’extension du centre-ville vers le canal. Pour faciliter les traversées et les circulations, le projet s’organise autour de trois strips différenciés (le strip-dur, le strip-tease et le strip-doux), pour reconfigurer les déplacements dans le quartier.
Maintenir et augmenter les activités implique de travailler de concert avec les acteurs en présence afin de faire évoluer les usages du foncier vers une commercialisation proche du fonctionnement historique du grand magasin. Différents espaces de vente de tailles réduites et démultipliables – des corners - sont mis en location par une franchise pour favoriser l’implantation d’autres activités. Cela permet de préfigurer, à différentes échelles, les mutations et les variations à venir dans le quartier et de modifier la perception et les usages de cette zone pour les habitants comme pour les personnes qui y travaillent.
Cette évolution est facilitée grâce au caractère flexible de la construction des hangars. Leurs ossatures demeurent les points d’accroche à de futures extensions et leurs façades se retournent et s’ouvrent vers l’espace public. Le hangar « décoré » devient hangar « décor », fond de scène pour le quartier.
Nous avons envisagé le projet-processus comme un jeu de négociation, où aménageurs, entrepreneurs, acteurs politiques, propriétaires, affranchis, associations, etc.sont les protagonistes de la partie en cours.
Sur cette nouvelle table des négociations, terrain de jeux et d’enjeux, chaque parcelle voit se succéder une série de « mains », d’actions, indépendamment développées dans le temps et l’espace. En y encourageant la complémentarité entre commerces et occupations, en laissant un champ d’action à celles et ceux qui ne sont ni professionnels de l’aménagement ni propriétaires des terrains, c’est l’équilibre du jeu et du territoire qui se trouve réajusté. Dès lors que tout le monde a le droit de cité, les parties s’engagent sans connaissance préalable de leurs déroulements et s’enchaînent sans se ressembler.