Choix du site
L’emprise relativement réduite du site de Fosses (8,6 ha) ne l’empêche pas de receler un grand nombre des problématiques contemporaines en matière d’urbanisme : territoires de la dispersion ; agricultures (péri)urbaines.; gestion des ressources aquatiques (eaux pluviales et de ruissellement) et pédologiques (artificialisation, érosion) ; patrimoines très anciens ou plus récents ; rapport aux grands espaces et à la «nature».
C’est pourquoi nous considérons qu’il s’agit, peut-être paradoxalement, du site le plus stratégique parmi les trois territoires de la région Île-de-France proposés pour cette douzième session d’Europan – les deux autres étant d’une part à Paris intra-muros et d’autre part à Saclay, au sein d’un des «clusters» du Grand Paris.
Ce sont en effet les territoires d’interface situés aux extrémités des métropoles qui connaissent la plus grande croissance et les plus grands bouleversements urbains, sociaux et paysagers.
Relation au thème
La présence d’un patrimoine plus que millénaire (l’activité potière) au cœur du site et du programme nous a conduits à reconsidérer la question du temps comme celle de l’espace.
Nous nous sommes inspirés du concept de «longue durée» créé par l’historien Fernand Braudel, qui distingue trois types de temporalités
: la longue durée des structures géographiques, le moyen terme des conjonctures socio-économiques et la ponctualité des événements d’ordre politique.
En déclinant cette logique de différenciation des rythmes au projet urbain, il s’agit, par l’analyse territoriale, d’identifier les fondements territoriaux du projet, c’est-à-dire une structure (géographique, urbaine, paysagère) et des logiques d’organisation (de l’espace, des acteurs, du processus) suffisamment ancrées et partagées pour qu’elles puissent s’adapter aux conjonctures socio-économiques et politiques de l’aménagement. Les possibilités mises en évidence pourront, d’une part, être amendées et complétées par des propositions ultérieures et, d’autre part, se déclencher à des moments différents (voire ne pas se déclencher) par des interventions permanentes ou temporaires sans perdre la cohérence d’ensemble.
Description du projet
Le projet entrecroise trois entrées thématiques («adapter l’agriculture», «adapter le village» et «adapter son logement») qui possèdent chacune leur propre mode de fabrication dans le temps.: elles correspondent à des configurations d’espaces, des systèmes d’acteurs, des logiques de mise en œuvre et des temporalités variables. Chaque thématique est traitée selon un raccourci d’échelles entre l’analyse régionale et les traductions micro-locales. L’organisation d’ensemble est guidée par une insertion fine dans la topographie et le contexte paysager.
Par ailleurs, le projet s’interroge autant sur le «comment faire» que sur le «quoi faire». La faisabilité des propositions en constitue un élément central (ce qui n’empêche pas une vraie radicalité), tout comme l’étude de moyens de mise en œuvre.