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Reprocess factory — Lille
Reprocess Factory est une fiction. Le programme B415 nous délivre un message préenregistré : un S.O.S. Les images, « instants privilégiés » comme les définit Deleuze fixent le mouvement perpétuel d’une machine productive entièrement automatisée et installée dans le Silo Standart S.A. ; elle déploie son réseau tentaculaire sur toute la presqu’île Boschetti jusqu’au port de Lille.
 
Telle une créature de Giger, elle manifeste un instinct de survie et de croissance au même titre que n’importe quel organisme vivant — une Autofab de K. Dick où l’homme devient le spectateur impuissant de ce qu’il a lui-même initié : « Avertissement, poursuivit la voix plaisante. Il serait vain de prendre ce récepteur pour un humain et d’engager avec lui des discussions pour lesquelles il n’est pas équipé. Bien que dévoué à sa tâche, il n’est pas capable de pensée conceptuelle. Il ne sait que recombiner les données qui lui ont été fournies au départ. » Face à l’effort déployé par la Reprocess Factory, se mêlent l’effroi et la fascination, sentiments éprouvés par les scientifiques devant les formes totémiques construites par les fourmis mutantes dans le Phase IV de Saul Bass.
 
Sur ce territoire, certains survivent comme l’enquêteur Killy dans Blame! dessiné par Nihei ; d’autres se révoltent, Black Blocs incontrôlables rapidement évincés de la zone. Dans ce monde sans cesse recréé, les images mentales de spectateurs égarés apparaissent tel un paragraphe lu au hasard de La Foire aux atrocités de J.G. Ballard : « Xoanon. Ces petits puzzles de plastique, semblables aux jeux offerts par les marques de carburants ou de détergents, ont été découverts un peu partout sur une vaste étendue, comme s’ils étaient tombés du ciel. Il en avait été produit des millions, dans un but mystérieux. Plus tard, on s’aperçut qu’on pouvait les transformer en toutes sortes d’objets singuliers. » Les formes machiniques qui débordent des façades réaffectées sont à la fois étrangères et familières à leur environnement comme la manifestation de Psychoprotoplasmes, thérapie expérimentale du professeur Raglan dans le Chromosome 3 de Cronenberg — la mise au jour d’un processus infini.
 
Ce que nous voyons n’est que la synapse d’un cerveau bien plus vaste ; le fragment visible d’une occupation de bâtiments vidés de leur contenu ; dans une ville obsolète et devenue autophage, il est le reflet prismatique d’une installation invasive. « La machine tournait paisiblement vers eux ses récepteurs indéchiffrables et impassibles. Elle faisait son travail, un point c’est tout. Le réseau mondial de fabriques automatisées — ou autofab — remplissait imperturbablement la tâche qui lui avait été confiée cinq ans plus tôt, au début du Conflit planétaire total. » écrit K.Dick.
 
Musique utilisée pour la réalisation des images de Reprocess Factory : Strategien gegen Architektur III, Einstürzende Neubauten, 1991-2001, Mute Records.
 
Œuvres citées :
L’image-mouvement, cinéma 1, Gilles Deleuze, Les éditions de Minuit, p.15.
H.R. GIGER. Seul avec la Nuit, Le lieu unique, Nantes, 15.06.2017 - 27.08.2017.
Autofab, Philip K. Dick, Nouvelles Tome 2 / 1953-1981, Denoël, p. 249, p.244.
Phase IV, film de Saul Bass, 1974.
Blame!, Tsktomu Nihei, Glénat.
La Foire aux atrocités, J.G. Ballard, Tristram, p.167.
Chromosome 3, film de David Cronenberg, 1979.
 
interviews
  • Parole à l'expert
  • Présentation du projet
L'avis du jury
Une proposition dystopique et manifeste qui s’inscrit dans une tradition de « parole libre » promue par EUROPAN. Malgré son caractère strictement fictionnel, le jury a remarqué cette proposition et sa capacité d’interpellation qui présentent un intérêt particulier en réponse au thème de la session.
L'équipe
Bienvenue dans le XXIe siècle, un monde à 70 % urbanisé et globalement connecté, des villes sous surveillance généralisée dans lesquelles circulent des voitures vides et sans volant ; où les architectures scintillent de mille invisibilités et se laissent traverser par la simple volonté prédictive du cyborg. Sur une terre terraformée par les meilleures intelligences cybernétiques, la blackbox est devenue l’alien retro-fécondé d’un univers à conquérir.
 
D-503 dessine, photographie, filme et écrit. De, par et à travers la machine, il cherche des visibilités, des résonnances vivantes qui doivent lui permettre de garder la raison. C’est un décodage halluciné des sédimentations machiniques — puis un re-codage expérimental par cut et pick-up. C’est un nomadisme prismatique à l’intérieur même de la camera obscura qui finit par se briser en d’infinis éclats de lumières. Des éclats proches ou lointains qui sont modélisés, simulés et mis en ordre dans un montage narratif à la Vertov. Des blocs d’images-textes qui définissent alors la fiction opératoire d’un possible à raconter.
 
Ce sont des fictions par échappement et déplacement — à travers des mondes baroques ouverts sur nos intériorités les plus profondes faites de rêves et de promenades mentales virtualisées — c’est un saut paranoïaque hors de la machine à enfermement — un retournement panoptique qui offre à la conscience une vision exploreuse sur des exo-architectures proliférantes et dévoreuses de songes sous contrôle.
 
Ne pas devenir fou comme nous le rappelle J.G. Ballard et chercher les espaces qui permettent encore de les parcourir librement. D-503 est nomade et multiple, il est l’Intégrale qui se dirige vers des horizons toujours lointains, un voyage fait de rencontres et d’émerveillements.
 
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