L’anthropocène, littéralement l’ère de l’homme, témoigne de l’aspiration de celui-ci à modifier le milieu dans lequel il vit et à le structurer à son image. Cette déconnexion de l’homme à la nature, se manifeste sous sa forme la plus visible par la crise environnementale actuelle. La création d’espaces monofonctionnels que l’homme peut entièrement maîtriser par la réduction des paramètres physiques et biologiques, est allé à l’encontre de la richesse de la biodiversité en conduisant à son effondrement. A l’origine de cette aliénation se trouve une crise sociale caractérisée par un affaiblissement de la pensée collective et une marchandisation du monde.
Toutefois, l’émergence actuelle de modèles sociaux et productifs alternatifs, témoigne d’une prise de conscience : la coexistence entre espèces participe à un enrichissement mutuel. Cette idée de co-bénéfices, démontre que la qualité d’un environnement doit être appréhendé par le prisme de sa multiplicité, de sa complexité et de l’intensité des interactions des éléments qui le composent.
Face à ce constat l’aménagement et le développement de la productivité au sein de la Plaine Sud Garonne, passe nécessairement par une prise en compte de son contexte actuel, passé et futur, afin de lui donner du sens. Pour lutter contre l’homogénéisation des territoires urbains, le projet cherche donc à s’appuyer sur les identités de la plaine et à développer un imaginaire lui étant propre.
En jouant sur certaines caractéristiques du site, en les accentuant et en les associant à de nouvelles formes productives construites, ce projet défend l’idée que les formes bâties de ce nouveau développement doivent porter du sens et participer à l’instauration d’une mythologie territoriale faite de figures identifiables, par leur écriture, leur implantation, leurs liaisons physiques et usuelles. Ces édifices expérimentaux, emblématiques, porteurs d’un récit qu’ils prolongent, participent à l’identification du site, à la création d’une multiplicité de paysages et d’architectures capables, invitant à son parcours et aux échanges entre les différents occupants.
Les interventions architecturales mises en place s’implantent dans l’espace suivant trois propositions. La première concerne la structuration des flux par la mise en place de nouveaux tracés, avec pour ambition le désenclavement de la zone d’activité de la Jacquotte. La seconde propose le remaillage et le parcours du site par la mise en place de liaisons douces afin de favoriser le rapprochement des différents acteurs et la création de nouvelles synergies. Enfin, l’instauration d’aménités par la création d’installations légères, ayant vocation à fertiliser un territoire aujourd’hui mono-fonctionnel, permet l’émergence de nouvelles pratiques transformant le regard sur le site.
Le projet souhaite témoigner par ses figures construites, de la possible diversité programmatique du site, au-delà de sa complémentarité aux quartiers résidentiels constitués sur la plaine. Sa réponse reste ouverte puisqu’elle a vocation a interroger les greffes programmatiques possibles sur le site, a révéler les potentiels et à susciter le dialogue autour du futur de ce territoire.