Proche des grandes villes et métropoles normandes qui relient Paris à la mer, Évreux puise sa force et sa singularité dans son territoire éminemment rural. Entre les plateaux du Neubourg et d’Évreux Saint‑André, la ville s’est développée dans la vallée le long de l’Iton. Cette géographie si particulière s’est tue à l’arrivée de la modernité. Infrastructures routières, zones urbaines et commerciales se sont développées et considérablement étalées hors de la vallée. Le sol de la ville s'est ainsi vu appauvri de ses fonctions économiques, sociales et naturelles. L'omniprésence des véhicules dans la vallée défavorise le piéton et empêche les espaces publics d’être support d’échanges. Aussi, l’importante imperméabilisation des plateaux épuise nombre d’espaces cultivés et augmente le risque de crues de l’Iton. Forme urbaine et économie ne sont alors plus en lien avec leur sol.
Infrastructures à présent qualifiées de ruptures, la ville d’Évreux rencontre une problématique commune à de nombreuses villes moyennes : comment construire la ville productive du 21ème siècle à partir de ces ruptures ?
En réponses aux problématiques, nous avons donc proposé de réinsérer les activités productives au sein de la ville, grâce à la mise en place d'un projet paysager là où les infrastructures routières sont aujourd'hui prédominantes. Gardant en tête le périmètre proposé dans le cadre d’Europan, nous avons donc décidé de porter un regard plus large sur l’ensemble de la ville pour réaliser un projet inhérent au territoire ébroïcien, fait d’une vallée urbanisée, auparavant industrialisée, de coteaux et de vastes plateaux agricoles.
Le projet Cultures latentes propose de combiner les champs de l'architecture et de l’urbanisme à celui de l'agriculture pour valoriser le paysage et les espaces publics. Il s’agira de semer les bases d’un processus pouvant faire émerger des projets aux formes productives, durables et innovantes, pour engendrer le cercle vertueux d’une ville durable. Le sol de la ville devient ainsi le support d'une combinaison de cultures.
Ainsi, le secteur gare, implanté le long du coteau Sud, joue son rôle d’articulation grâce à une trame paysagère renforcée et valorisée au moyen d’activités arboricoles et agricoles diversifiées. La ville basse ou ville historique de la vallée, est densifiée à l’aide de programmations mixtes mêlant logements, équipements et activités économiques. Quant à la ville haute, étendue sur des plateaux aujourd’hui trop imperméabilisés, elle se destine à accueillir des activités agricoles respectueuses de l’environnement pour améliorer la porosité des sols et l’écoulement des eaux.