Bordeaux est l'exemple d'une ville dynamique qui est en train d'affronter un changement dans son histoire. Pour le succès total de l'expansion urbaine, sur la rive droite de la Garonne, il sera fondamental de réussir à s'approprier ses architectures, points fixes à partir desquels la collectivité mesure l'espace. La caserne est l'un de ces édifices, telle une cathédrale, elle a un rôle important et doit parvenir à se positionner comme un lien entre la ville historique et le nouvel élan contemporain. Le premier est un lien visuel entre les deux rives, un fait urbain en mesure de recoudre le parcours, souligner les habitudes et encadrer les vues. La caserne de la Benauge est un très bel exemple de l'architecture fonctionnaliste et rationaliste et ce serait une erreur de perdre la mémoire de ce lieu.
Nous avons appris à considérer l'urbanisme comme une question architectonique. La ville n'est autre qu'un ensemble de faits architectoniques, de projets concrets sur une échelle plus ou moins ample, naissants de la lecture approfondie d'un contexte et proposants des solutions qui, inévitablement, conditionneront les comportements, les usages et les formes qui suivront. À la lumière de ceci, nous avons retenu que la proposition devait s'articuler sur un projet concret capable de recueillir les problématiques du lieu et valoriser autant que possible la caserne, avec un minimum d'interventions.
Nous avons essayé de l'ouvrir à la ville et à ses habitants. Nous avons abordé le sujet comme s’il s'agissait d'un monument historique, évitant d'en modifier la forme extérieure et son caractère essentiel. Nous avons plutôt fait le choix de travailler l'intérieur de l'édifice, en vidant le plan en lien avec les principes du mouvement moderne et en y installant des espaces évolutifs et modulables, facilement transformables dans le temps et adaptables pour accueillir des événements artistiques qui appelleront tous les Bordelais. Un incubateur de créativité en relation avec des espaces de coworking, les centres culturels, les écoles et les musées environnants. L'idée est de transformer la caserne en une œuvre d'art en perpétuelle évolution et mutation, laissant libre champ aux artistes qui pourront intervenir sur le construit par des installations murales, générant ainsi de nouveaux espaces.
Le processus pourra se diviser en quatre phases, la première servira à créer un climat d’attente positive capable d’attirer des marques et des fondations à travers une campagne de publication, l’organisation d’évènements de consultation ou encore, des collectes de fonds. Tous les investisseurs s’uniront pour la seconde phase qui aura pour objectif la réutilisation de la caserne. Une série d’évènements lancera la troisième phase, à savoir la restructuration des logements puis enfin la dernière étape avec la reconversion de la tour, la démolition et la reconstruction du réfectoire et la naissance du parc dans la cour. La nuit, quelques vidéomapping souligneront la rénovation en cours.