Le site de la porte des Poissonniers à Paris a retenu toute notre attention pour ses enjeux métropolitains au sein du territoire de projet Paris Nord-Est, pour la réflexion à porter sur de nouvelles formes de densités au sein de l’enceinte parisienne à travers la question sensible des grandes hauteurs et pour la présence de la petite ceinture parisienne comme entité paysagère, patrimoniale et poétique à laquelle redonner vie.
À travers un îlot fertile et un parc, le projet « Green Belt Dilatation » pour la porte des Poissonniers revisite la place de la nature en ville pour conjuguer stabilité et adaptabilité dans un contexte territorial en forte mutation.
Au sein d’un réseau de parcs, situés à l’interface entre Paris et banlieue, cette dilation de la ceinture verte tend vers un renforcement mutuel entre densité et nature pour promouvoir qualité du cadre de vie et intensité des échanges. Deux grands mails nord/sud, qui désenclavent le site, tissent des liens avec Saint-Ouen à travers un nouveau franchissement du périphérique au nord et se prolongent vers le coeur du 18e arrondissement et le Sacré-Coeur au sud. Réactivées, la ceinture verte et la petite ceinture s’inscrivent comme des lieux de cohésion sociale, urbaine et paysagère à l’échelle du Grand Paris. Ces espaces publics majeurs constituent les jalons d’un réseau doux à développer entre les centralités névralgiques de la gare du Nord et de la future gare Pleyel. Cette respiration urbaine s’offre comme une condition fondamentale pour bien vivre la densité au sein d’une métropole et donne à Paris Nord un atout majeur en termes d’attractivité et d’usages pour ses habitants.
L’îlot fertile dépasse les principes des formes urbaines des « Habitats à bon marché » et haussmanniennes pour répondre à de nouveaux enjeux de densité et de développement durable. Il emprunte à celles-ci les règles d’alignements et de hauteur pour s’inscrire dans la trame urbaine mais innove à travers une « cinquième façade » vivante et animée.
Une nappe de cours, jardins et potagers connectés entre eux ouvre des vues dégagées à hauteur des toits parisiens pour chaque habitant. Des émergences dont la base prolonge ces espaces de convivialité à l’intérieur des bâtiments affirment le skyline de la porte des Poissonniers où des tours sont déjà présentes. Des programmes de standings variés, intégrant des espaces extérieurs généreux et une végétation abondante proposent de nouvelles perspectives pour vivre positivement la densité et la verticalité. Autonome de par sa mixité programmatique et ainsi apte à s’adapter à un contexte de grande mutabilité, la typologie d’îlot fertile pourrait être étendue à la ceinture verte. Elle pourrait ainsi renforcer l’identité de cette entité paysagère dont elle porte les principes : 50% vert / 50% dense. Cette régénération de la porte des Poissonniers va souligner et renforcer l’entité de la ceinture verte de Paris, son rôle d’interface et de poumon vert à l’échelle du Grand Paris. L’émergence de ce nouveau quartier pourrait être l’amorce d’un projet sensible et cohérent qui redonnerait une nouvelle dimension à la petite ceinture et qui réinscrirait son empreinte dans l’esprit des Parisiens et dans le coeur de Paris.