Rares sont les sites industriels qui, plutôt que d’avoir à défricher une forêt pour s’y installer, peuvent envisager une cohabitation réciproquement profitable. Cependant, le site de Montpertuis-Palazol, en aménageant un urbanisme éco-responsable lié à une économie circulaire, peut prétendre à l’excellence environnementale d’ici vingt ans. En partant d’une critique théorique du développement durable, la ville adaptable est pensée comme une nouvelle forme d’éthique de la politique urbaine.
À la lecture du palimpseste laissé par l’activité du site, Montpertuis-Palazol est reconstruit sur lui-même avec l’apport d’un fil conducteur structurant. Le réseau viaire, sous forme d’un ruban sinusoïdal, développe une trame adaptable, allant d’une forte densité bâtie en entrée de site vers une trame bâtie clairsemée, afin de préserver la forêt.
Afin de répondre aux besoins industriels de demain, sans compromettre son adaptabilité, l’Arboripôle5 se fixe un objectif intemporel de fonctionnement éco-responsable. Néanmoins, considérant qu’il n’y a pas qu’un seul chemin pour y arriver, il offre une diversité programmatique — agriculture, industrie, recherche, tourisme et accueil — regroupée autour de cinq quartiers pouvant interagir les uns avec les autres. Chaque quartier possède un « phare » : repères de grandes hauteurs inscrits dans le paysage, connectés physiquement et métaphoriquement par le ruban, ils guident et éclairent l’avenir du site tout en liant les différents secteurs de l’Arboripôle5. Permettant de contempler la canopée forestière et de prendre conscience du projet dans son ensemble, chacun d’eux est lié à un programme faisant écho au quartier dont il est l’emblème.
La reconversion du bâtiment 53 est une traduction en langage architectural de la transformation urbaine que connaîtra le site. Sa structure existante est conservée comme couche historique et abritera un musée dédié à la mémoire du site. Au niveau 1, une forêt de poteaux évoque le paysage en dégageant une série de terrasses couvertes. Son étage supérieur sera quant à lui tourné vers l’avenir du site, et proposera des espaces d’expositions et de réunions.
L’Arboripôle5 propose un phasage progressif et raisonné, permettant au territoire de : « s’ouvrir » au public d’ici 1 à 2 ans (inventaire, rubanisation des cheminements piétons, animations temporaires...), d’accroître sa visibilité d’ici 3 ans (consultation scientifique, appel à projets, implantation de jardins de Cocagne...), d’activer pleinement sa programmation en 5 ans (installation d’entreprises pionnières, planification d’une économie circulaire...) et de pouvoir la pérenniser ou la réadapter durant les 10 années suivantes (l’agroforesterie pourrait donner ses rendements maximum, des serres adaptables, prenant la forme de structures génériques capables d’accueillir toute sorte d’activités temporaires, garantissent la réactivité programmatique du site).
À terme, ce site pourrait être une référence européenne d’urbanisme éco-responsable et un bassin d’emploi majeur pour la métropole Clermont-Ferrand Riom Vichy.
Le jury a apprécié la prise en compte des qualités actuelles du site. Il a jugé intéressante la proposition de reconversion économique proposée. Le jury a par ailleurs souligné les qualités d’adaptabilité de la proposition.
Diplômés d’état et habilités à la maîtrise d’oeuvre en leurs noms propres, soudés par une complicité intellectuelle, et désireux de développer une certaine forme d’éthique architecturale, urbaine et conceptuelle, les quatre complices ont acquis de solides expériences, elles aussi diverses, couvrant le temps du process du projet [de l’esquisse au chantier], toutes ses échelles [transport, paysage, logement...] et les métiers variés de la maîtrise d’oeuvre. Ces dernières années, le collectif n’a pas hésité à endosser les casquettes de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, du chargé de communication ou du responsable de chantier. Pour UM, les domaines de l’architecture sont des champs complexes qui doivent se pratiquer en interaction constante avec les différents acteurs.
Cette première collaboration a pour motivation l’idée que, face au cynisme et à l’uniformisation, la conception des villes se doit d’être plus qualitative et responsable, notamment après que le durable a fait la preuve de son inaptitude à répondre aux enjeux qu’il s’était fixé. Pour éviter les discours convenus sur la biodiversité et les questions d’environnement, et asseoir les réflexions et analyses critiques sur des bases solides, l’équipe s’est appuyée sur les compétences d’une ingénieure écologue et d’un biologiste.
La participation à Europan12 fut l’occasion d’une recherche méthodologique autour de l’éco-responsabilité, dans les domaines [entre autres] de l’architecture et de l’urbanisme comme levier fondamental de la transformation de notre société.